D'après une histoire vraie
Les Héritiers prend place au Lycée Léon Blum de Créteil, dans une classe difficile et une professeure qui décide de faire passer un concours national d'Histoire à une composition d'enfants issus de l'immigration et qui fait chuter gravement les résultats académiques de l'établissement. C'est une métamorphose des personnages qui est déroulée tout au long de ce film sorti en 2014 au cinéma.
On connaissait Marie-Castille Mention-Schaar pour les scénarios qu'elle signe (comme le successfull La Première Étoile) et les quelques films qu'elle produit. Depuis 2011, elle passe derrière la caméra pour le joli Ma Première Fois, romance dramatique discrète en salles. La même année elle réalise Bowling, une comédie sur fond de critique sociale qui n'a pas convaincu, autant d'un point de vue critique de la presse que du public. En 2014, elle revient au cinéma avec le film Les Héritiers, une histoire vraie co-scénarisée avec un des acteurs du film aussi présent à l'époque des faits, Ahmed Drame.
Le pitch vous fait penser au très joli Écrire Pour Exister ? C'est normal. Le film reprend cette même source d'inspiration, et il est construit à l'identique. Pire : Les Héritiers est une affreuse succession de clichés tous plus déjà vus les uns que les autres. Les Héritiers s'inspire de tellement de codes qui font aujourd'hui les standards des comédies dramatiques françaises de ces dernières années, comme le Qu'est-ce Qu'on A Fait Au Bon Dieu, et cela en devient extrêmement pénible : aucune surprise, aucune immersion, et donc nous sortons de l'émotion qui devrait nous être transmise. La mécanique extrêmement rodée ne permet aucune originalité, aucune nouvelle idée et installe un ennui extrêmement désagréable face à des scènes répétitives. Ce film est donc un plat total et d'un cliché ridicule qui ne relève assurément pas le niveau du cinéma en France. Dommage quand on sait que cette histoire vraie propose une base pouvant être mieux formulée sur grand écran. Les messages et les thèmes forts sur le papier n'en sont finalement réduits qu'à des stéréotypes de bas étage.
Autre comparaison que nous pourrions également faire avec le film Les Héritiers, c'est bien la production au cinéma de Entre Les Murs. C'est encore une fois cette affreuse tendance de montrer ou de créer des stéréotypes des classes, voire écoles, difficiles, en pleine banlieue parisienne, et regroupant des enfants d'immigrés, ne se sentant ni Français, ni considérés par cette société, et ne cherchant donc pas à connaître l'Histoire de leur pays. Sur ce fond de clichés encore une fois banalisés, et c'est bien dommage, la première partie nous montre des jeunes lycéens aux cas désespérés, le directeur ne leur présentant aucune considération, comme serait l'actuel président de la République sur sa population issue de l'immigration, et souhaitant simplement que ces élèves difficiles créent le moins de remue-ménage possible. Mais, « Oh Sainte Sois-Tu Louée », une professeure croit en leur capacité, à tous, et souhaite qu'ils prennent conscience de leur place dans la société actuelle, tout en nous remémorant, surtout à nous téléspectateurs, le passé tragique de la France dans les années 30, sur fond de collaboration et de colonisation. C'est davantage sur un ton moralisateur pour le spectateur français qu'une simple soupe de plus pour l'immigration française se sentant bien plus proche de la France que souhaiterait nous faire croire la réalisatrice dans le film Les Héritiers distribués au cinéma en 2014.
Le bon
Tout n'est heureusement pas à jeter : la réalisatrice Marie-Castille Mention-Schaar nous offre une mise en scène assez correcte avec quelques beaux plans dans Les Héritiers. Le casting de son côté fait plutôt bien son travail : on sent les acteurs, qui se donnent à fond, assez impliqués. En témoignent la très convaincante Ariane Ascaride dont le talent n'est plus à prouver et dont on se demande ce qu'elle fait là ou encore Ahmed Drame et Noémie Merlant, de jeunes acteurs à suivre. Dommage pour la première incursion cinéma du jeune humoriste Stéphane Bak, qui n'est là qu'en qualité de sidekick humoristique sans plus de profondeur dans l'écriture de son personnage...
Pour résumer le casting, nous pourrions aisément reprendre la citation d'Omar Sy, s'étant davantage tourné vers les États-Unis pour y faire carrière plutôt que de rester en France : ''Un acteur noir, on va le mettre que dans un rôle qui est écrit pour un acteur noir. Il faudrait arriver à ce moment où un acteur noir peut être juste un acteur''. Et c'est encore une fois ce bât qui blesse non seulement en France, mais aussi dans le cinéma français, et qui est encore une fois démontré à travers le film Les Héritiers.
L'extrait
Les Héritiers est un film qui part d'une bonne volonté et d'un message fort, mais qui sombre dans une succession d'insupportables clichés, vus et revus. Tout est extrêmement prévisible et ennuyeux, même si les acteurs sont convaincants.